jeudi 22 mars 2018

Histoire de la pensée Économique : LE MERCANTILISME,PREMIÈRE GRANDE THÉORIE ECONOMIQUE

Le mercantilisme est la première grande théorie économique.

Elle émerge suite à l’essor du capitalisme au 15 et 16 siècle, suite à l’essor du commerce avec les Indes, à la découverte de l’Amérique et aux débuts de la colonisation.
Éléments de contexte
Émergent alors de grandes fortunes et une nouvelle classe : la bourgeoisie capitaliste, qui voit son importance grandir à mesure qu’elle prend en influence auprès des rois, auxquels elle prête de plus en plus d’argent. En Europe, depuis les colonies, arrivent de nouvelles marchandises, des quantités importantes d’or et d’argent qui viennent déstabiliser l’ordre économique : la monnaie en circulation est multipliée, et le cout des métaux précieux diminuant, les prix montent. Une importante crise sociale se déclenche.

L’Angleterre est très symptomatique des évolutions en cours à un niveau social et économique : les terres des paysans sont accaparées, avec l’aval du Parlement, par des capitalistes enrichis, qui les clôturent. De très nombreux paysans se retrouvent sans terre et sans travail : le vagabondage et la mendicité sont réprimés et ces nouveaux pauvres sont contraints de travailler dans des « maisons de travail » où ils perdent leur liberté. De nombreuses guerres déchirent l’Europe et reflètent les conflits commerciaux et coloniaux des grandes puissances d’ailleurs : l’Espagne, la France, les Provinces-Unis et l’Angleterre.
A un niveau religieux, le protestantisme vient bouleverser le rapport de la chrétienté à l’argent. Le calvinisme, notamment, fait du succès commercial un signe de l’élection divine : « Travaillez donc à être riches pour Dieu » peut-on lire dans des écrits calvinistes rapportés par Max Weber. Il s’agit là d’un sérieux retournement puisque la chrétienté s’était jusqu’alors tenue, au moins dans les termes, à une condamnation ferme de l’enrichissement et du profit. A travers toute l’Europe, les états se forment et affirment leur pouvoir. La doctrine mercantiliste qui va émerger reflète bien les changements sociaux, économiques et politiques à l’œuvre que nous venons ici brièvement d’évoquer.
Le mercantilisme : une nouvelle conception de la vie sociale
Le mercantilisme défend l’idée selon laquelle l’Etat accroit sa force en favorisant l’enrichissement des citoyens. La prospérité du commerce d’une nation est pensée comme étroitement liée à l’expansion de sa puissance politique sur terre comme sur mer. Le mercantilisme repose ainsi sur l’idée de congruence entre les intérêts du souverain et ceux de la bourgeoisie. Par exemple,
l’accroissement de la population est soutenue par les mercantilistes parce qu’une population nombreuse permet à la fois d’alimenter l’industrie et de fournir au royaume une armée importante.
Le mercantilisme porte en lui une
nouvelle conception de la vie sociale : l’idée nouvelle selon laquelle
l’enrichissement est la vraie fin de la vie humaine. Cette nouvelle doctrine pense le lien entre les individus sous une perspective économique plutôt que politique.
« Le bonheur des hommes, pour en parler à notre mode, consiste principalement en la richesse, et la richesse dans le travail » – Antoine de Montchrestien.
Les mercantilistes soutiennent le
développement de l’industrie (les manufactures) dans le pays. L’Etat doit pour eux soutenir la production et les échanges pour assurer sa force. Antoine de Montchrestien forme ainsi le terme « d’économie politique », qui souligne bien l’indissociabilité des deux termes et des deux enjeux.
La richesse étant pensée comme la valeur suprême, les mercantilistes vont s’attacher à penser les conditions de son développement. L’important leur semble de trouver des débouchés à la production. Les marchés extérieurs,
l’exportation , tient donc un rôle crucial pour l’accroissement de la richesse. D’autre part, l’argent doit être abondant, pour permettre l’accumulation, l’emprunt et le financement. L’état peut également ainsi puiser dans de larges réserves monétaires pour mener sa politique extérieure et ses guerres. L’harmonie de l’état et des marchands est par cette voie garantie.
Tout l’enjeu, pour la pensée mercantiliste, est de parvenir à accentuer le commerce extérieur, de manière à attirer l’or chez soi, tout en le conservant. Il faut accroitre la masse monétaire en circulation, condition de la richesse d’une nation selon les mercantilistes. Dans cette optique, des lois interdisent l’exportation de l’or et de l’argent et les mercantilistes prônent le développement des colonies pour développer les exportations et un excédent dans la balance commerciale du pays.

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