jeudi 15 mars 2018

Il était une fois, un plan Marshall sauvait l'Europe de la misère

C’était il y a 70 ans, à Harvard , George Marshall, l’ex-général devenu homme d’État, jetait les bases d’un grand plan de reconstruction de l’Europe. Une entreprise qui allait permettre d’établir entre le continent européen et les États-Unis des liens étroits et toujours actifs aujourd’hui.

Le discours durera 11 minutes. Marshall avait choisi le 5 juin 1947, une date sans signification particulière, pour annoncer cet immense programme d’aide américaine qui devait relever l’Europe des ruines de la Seconde Guerre mondiale. Le Programme de rétablissement européen plus connu sous le nom de plan Marshall a ainsi ouvert la voie à une nouvelle et ambitieuse politique étrangère américaine.
Aujourd’hui, les idées présentées par Marshall continuent de résonner, telles la réconciliation, la responsabilité, la générosité américaine et l’économie mondiale interconnectée.
En tant que chef d’état-major de l’armée américaine, George Marshall avait participé à l’organisation du débarquement de 1944, qui avait mis en échec les forces allemandes d’Adolf Hitler. Au moment du discours de Harvard, où il s’était rendu pour recevoir un diplôme honorifique, il était secrétaire d’État du président Harry Truman.

Son discours a établi clairement les motivations non seulement humanitaires, mais aussi pragmatiques du programme par le biais duquel les États-Unis allaient acheminer vers l’Europe une aide à hauteur de 13 milliards de dollars au cours des quatre années suivantes.

Marshall en était convaincu : il fallait à tout prix que l’Europe se relève pour former une région démocratique stable, qui pourrait contrer les ambitions expansionnistes de la Russie communiste et devenir un partenaire économique et commercial essentiel des États-Unis.

« Notre politique est dirigée non pas contre une politique ou une doctrine donnée, mais contre la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos, avait déclaré George Marshall. Son objectif doit être la relance d’une économie mondiale capable de fonctionner pour permettre l’émergence des conditions politiques et sociales qui sous-tendent l’existence d’institutions libres. »
Il avait exprimé la conviction de Washington qu’un avenir prospère pour l’Amérique, encore meurtrie par sa propre dépression économique, était lié au sort de l’Europe de l’Ouest.
Un nouvel espoir pour l’Europe
L’Amérique, qui avait déjà envoyé des troupes et des armes pour vaincre Hitler en Europe, fournira aussi des fonds, de la nourriture et du matériel énergétique. Toutefois, comme Marshall l’avait clairement fait savoir, c’est aux États européens qu’incomberait la responsabilité d’opérer la reconstruction de leur continent. « Ça, c’est l’affaire des Européens », avait-il insisté.

George Marshall avait invité les pays européens à faire le nécessaire pour coopérer et éliminer les obstacles politiques et commerciaux du passé. « Le programme doit être conjoint et adopté par un grand nombre de pays européens, voire tous », avait-il souligné.

Son discours fera immédiatement poindre l’espoir en Europe. Les représentants de 16 pays d’Europe de l’Ouest se sont réunis à Paris, et dès septembre, ont présenté au gouvernement des États-Unis un document conjoint énumérant les besoins de la reconstruction européenne, tels qu’ils les avaient estimés. Le 3 avril 1948, le président Truman a signé le Foreign Assistance Act, la loi autorisant l’aide à l’étranger qui lancera le plan Marshall. Immédiatement après, l’aide allait commencer à être acheminée.
En 1949, le plan a été étendu à l’Allemagne de l’Ouest, dont le gouvernement avait retrouvé une certaine autonomie. Le chancelier allemand de l’après-guerre, Konrad Adenauer, évaluant en 1964 le rôle du plan Marshall, devait déclarer : « C’est probablement la première fois de l’Histoire qu’un pays victorieux tend la main pour relever celui qu’il a vaincu. »
Le plan a mené au renouveau de l’industrie européenne, y compris dans les secteurs du charbon et de l’acier. Le redressement des pays s’est fait plus rapidement que prévu. En outre, le plan a stimulé l’économie des États-Unis, étant donné que la majorité des fonds accordés était allouée à l’achat auprès de fournisseurs américains de produits fabriqués dans les usines du pays.
Une rupture historique avec la politique étrangère des États-Unis
Henry Kissinger, vieux routier de la diplomatie américaine, évoquera plus tard la simplicité du discours de George Marshall à Harvard : « Marshall n’a pas pratiqué l’autodérision à travers des anecdotes ni usé de métaphores poétiques pour illustrer l’importance de l’occasion. »

Les Américains envisageaient la politique étrangère comme une série de défis individuels, à relever au cas par cas, mais ce discours a constitué un tournant historique, avait ajouté l’ancien secrétaire d’État.
Avare de détails, le discours de George Marshall fixe en revanche les principes de la relation transatlantique qui allait se développer dans les décennies à venir.

Un point sur lequel allait revenir le président Bill Clinton en 1997, à l’occasion du 50 anniversaire de ce discours : « Le plan Marshall a transformé les rapports entre l’Amérique et l’Europe, et ce faisant il a transformé les rapports entre les pays européens eux-mêmes.

Il a planté les graines d’institutions qui ont fini par lier l’Europe de l’Ouest tout entière, pour l’OCDE, l’Union européenne et l’OTAN. Il a ouvert la voie à la réconciliation, à l’oubli de différences remontant à loin. »
En 1953, Marshall s’est vu attribuer le prix Nobel de la paix en récompense des efforts qu’il a déployés en faveur de ce plan.

Cet article a été rédigé par le rédacteur indépendant David Storey.

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